Pourquoi travaillons-nous ?

Pourquoi travaillons-nous
Bien-être au travail

Pourquoi travaillons-nous ?

Résultats et analyse de l’enquête RH info

Après nous être interrogé, dans la précédente enquête, sur la “perception” que nous avions de notre travail, nous voulons approfondir le sujet et nous demander maintenant “pourquoi” nous travaillons. C’est passer d’un état de fait… à une raison d’être du travail. ADP a publié cette année un livre blanc sur cette question, mais nous avons voulu réaliser un focus RH nous permettant de mettre des chiffres sur des questions plus ciblées. Nous avons recueilli 553 réponses dont une majorité émanent de salariés appartenant à la fonction RH. Nous vous proposons de revenir sur ces résultats et de vous en soumettre une interprétation, nourrie à la lumière de notre expérience RH.

1) A la question de savoir si le travail est essentiel à l’être humain, il faut noter que si 8,7 % répondent par la négative et que 14,6 % n’y voient qu’un moyen de survivre, plus de ¾ des répondants répondent par l’affirmative. Avec une nuance de taille toutefois : 23 % sont inconditionnels, mais 53,7 % y mettent une condition : « que le travail corresponde à une réalisation créatrice ». Il est clair qu’il y a bien une conscience du fait que le travail peut devenir aliénant et ne plus correspondre du tout à la réalisation ou l’accomplissement de l’être humain. Il y a bien une dissociation entre le travail lui-même et les conditions dans lesquelles il s’exerce.

2) En effet, la question suivante a permis de confirmer fortement cette appréciation : elle évoquait l’attitude choisie par les répondants si plus aucun problème d’argent – et donc aucune contrainte extrinsèque au travail en lui-même – ne se posait à eux. C’est passionnant : 10,8 % ne changeraient rien à leur travail actuel ; 19,2 % disent qu’ils trouveraient enfin le travail de leurs rêves et 62,9 % « tenteraient de multiples expériences de travail » ! Seuls 7,1 % arrêteraient de travailler. Voilà qui remet sérieusement en cause tant de clichés sur le fait que les français sont des fainéants dont l’idéal serait de ne rien faire ! Si ce n’est pas le travail qui leur pose problème, c’est donc que la difficulté est ailleurs…

3) En tous les cas, cette difficulté ne semble pas être essentiellement liée aux contraintes collectives du travail et à la nécessaire coopération que toute collaboration professionnelle implique, puisque 72,7 % des répondants stipulent que l’appartenance à un collectif correspond selon eux « à un besoin fondamental de l’être humain ». Seuls 3,8 % pensent que c’est « un mal nécessaire, lié à l’impératif de subordination ». Les autres notent que le sentiment d’appartenance n’est pas premier ou correspond à d’autres impératifs plus grégaires.

4) Ce besoin collectif se retrouve fortement au niveau de la vie des équipes de travail : ils ne sont que 18,1 % à déclarer que ce n’est pas à leurs yeux une nécessité, là où 42,7 % y voient « un besoin social qui donne du sens au travail » ; 20,6 % « une nécessité, tant relationnelle qu’organisationnelle » et 18,6 % « la condition même de la Qualité de Vie au Travail ». Cela fait tout de même près de 82 % qui plébiscitent l’importance du collectif. C’est à noter après des décennies d’individualisation croissante à tous les niveaux dans les gouvernances et le management des entreprises.

5) Point très intéressant : le besoin du collectif se répercute directement sur l’accomplissement personnel et individuel : 49,9 % déclarent que « se sentir utile aux autres est pour eux un puissant moteur de satisfaction ». Par ailleurs ils sont 18,3 % à affirmer que le travail permet de « faire l’expérience soi-même et de s’affirmer » et 18,3 % encore qu’ils y trouvent « ce qui les inspire et contribue à créer leur identité unique ». Seuls 13,6 % affirment que ce qu’ils sont « n’a rien à voir avec le travail », ce qui peut sans doute s’expliquer en fonction des situations variées rencontrées dans le monde du travail.

6) Si donc le travail n’est pas en lui-même un problème, que tout au contraire il reste désirable indépendamment de toute nécessité financière et que le collectif porte les conditions d’un accomplissement y compris sur le plan individuel et personnel, où est donc le problème ? Qu’est-ce qui justifie la position critique des salariés, qui se reflète dans tant d’études, d’enquêtes, de témoignages ? C’est l’organisation et le management qui semblent les points sensibles. A la question de savoir si leur travail leur permettait de développer leur pouvoir d’initiative, ils sont près de 60 % à répondre oui… mais « à condition que le management se fonde sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité », ce qui ne semble pas être la règle générale. Ce qui est confirmé par les 21,5 % pour lesquels le travail est vraiment « source de créativité et d’innovations ».

7) Ils sont d’ailleurs une large majorité (64,7 %) à affirmer que le travail est normalement « un lieu privilégié de réponse au besoin de reconnaissance ». La situation ne doit pas non plus être si catastrophique, puisque seuls 8,3 % déclarent que leur travail ne leur apporte « aucun sentiment de reconnaissance individuelle ».

8) La valorisation de leur contribution professionnelle correspond ainsi pour les répondants : pour 49 % « à une juste récompense pour ce qu’ils ont fait dans l’entreprise » ; pour 22,4 % « à ce qu’ils sont comme être humain unique » ; pour 18,6 % « à une fonction utile pour leur plan de carrière et leur progression ». Seuls 9,9 % déclarent que pour eux l’essentiel de ce qui fait leur vie est en dehors de leur travail. Ce qui confirme, là encore, l’importance que le travail prend pour la grande majorité d’entre eux.

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